Le cheval est une créature d'une souplesse extraordinaire, capable de passer d'un humain à un autre avec une force d'âme qui force l'admiration. Certains cavaliers sont empreints de patience et de bienveillance, d'autres se montrent exigeants et rigoureux, tandis que d'autres encore peuvent être cruels ou simplement ignorants. Pourtant, les chevaux, dans leur noblesse silencieuse, s'adaptent à toutes ces mains, à ces diverses attentes. Ils doivent, au minimum, apprendre à marcher, trotter, galoper avec leur cavalier, à parcourir les pistes, à peut-être sauter des obstacles, tout en faisant face aux soins vétérinaires. Et tout cela, avec grâce, discernement et respect des règles.
Pour les plus talentueux, les attentes sont encore plus grandes. Ils doivent non seulement remporter des courses, franchir des obstacles déroutants, réaliser des figures de dressage complexes, ou à accomplir une mission profondément humaine : aider des enfants et des adultes en difficulté à travers la thérapie assistée par les animaux.
Nombreux sont les chevaux qui traversent ces diverses expériences au cours de leur vie. Non seulement ils apprennent de nouvelles compétences, mais ils intègrent également les codes sociaux des autres chevaux rencontrés en chemin, s'adaptant à des groupes successifs. Leur existence, à bien des égards, pourrait être comparée à celle d'un enfant qui passerait 20 ans entre placements en famille d'accueil et changements constants d'école. À chaque nouvel environnement, ils découvrent que les règles d'avant n'ont plus de sens, et qu'ils doivent tout réapprendre – tout en s’intégrant à des groupes déjà formés.
Nous sommes rarement aussi exigeants avec nos semblables !
Que ces chevaux réussissent souvent à dépasser les attentes de leurs propriétaires et de leurs entraîneurs dans de telles conditions témoignent non seulement de leur intelligence et de leur incroyable capacité d'adaptation, mais aussi de leur générosité naturelle et de leur aptitude à établir des liens avec nous, humains. Ce n'est pas tant une surprise qu'ils puissent parfois afficher des signes de détresse ou des comportements anormaux – bien plus étonnant est le fait que, bien souvent, ils ne le font pas.
Imaginez un enfant, ou même un chien, enfermé 23 heures par jour dans une boîte, avec seulement des exercices strictement contrôlés pendant la seule heure de liberté restante. Personne ne s'attendrait à ce que cet être développe pleinement son intelligence ! Alors pourquoi attendre cela d'un cheval ? L'esprit des mammifères, comme celui de tout être social, se nourrit d'interactions et de stimulations. Si un cheval apparaît parfois "stupide", "lent" ou "têtu", peut-être n'a-t-il simplement jamais eu la chance d'apprendre !
La sociologie nous enseigne à comprendre le comportement humain en société ; pourquoi ne pas étendre cette sagesse au monde des chevaux et aux autres animaux ? Vivre en groupe, échanger, apprendre, c'est ainsi que l'on se construit. Que l'on soit un homme, un cheval, un loup, un chevreuil ou une vache, c'est cette diversité, cette interaction qui façonne notre monde et nous rend plus forts.
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